Il m'arrive d'avoir des envies de terre. Pas d'en manger, mais d'en posséder, d'en cultiver, d'en vivre. Dans ma tête, j'entends la voix de Gérald O'Hara qui répète à une Scarlett frivole : "La terre, Katie Scarlett, la terre, il n'y a que ça qui compte.". Les gens qui vivent selon le principe de la simplicité volontaire m'impressionnent beaucoup. Ceux qui font revivre d'anciennes méthodes de culture, aujourd'hui presque perdues, et qui consomment de façon responsable me donnent envie d'en faire autant.
Chaque dimanche, cette envie me reprend quand je regarde l'émission "La semaine verte". J'y vois des gens qui ont fait le choix de produire leurs propres fruits et légumes, qui ont choisi de faire renaître des traditions perdues sombrées dans l'oubli, des gens qui ont démarré des coopératives d'entraide, qui ont sauvé une espèce d'arbres oubliée de tous, pour qui les aînés sont une richesse, qui tentent de révolutionner l'agriculture. On y trace le portait de Citoyens, des vrais. Pour la désabusée que je suis devenue, c'est admirable de constater que la solidarité et l'entraide peuvent changer les choses. Que certaines régions offrent une qualité de vie et un milieu riche qu'on ne peut espérer retrouver dans l'ombre du grand Montréal.
Mon petit village de campagne, qui est ce qui s'approche le plus d'une communauté dans tout ce que j'ai connu, me paraît triste et individualiste quand je vois l'exemple de certaines municipalités des autres régions chez qui les projets se multiplient afin d'attirer une population jeune et dynamique. Au fond de moi, il faut savoir être honnête, je ne pense pas avoir l'étoffe pour vivre en communauté et m'impliquer socialement pour améliorer la condition de vie des autres. N'empêche que j'aimerais ça. Avoir la générosité de travailler dans le but de changer les choses, d'être le pillier d'une organisation qui vise le mieux-être de tous, il me semble que ça manque à ma vie. Souvent, je me dis que je devrais faire quelque chose pour les autres, ne serait-ce qu'en m'impliquant dans le C.A. de la maison des jeunes ou en faisant partie du cercle des fermières de mon village où les savoirs se transmettent et où l'entraide est priorisée.
Ma vie est quand même facile et belle, je suis heureuse (même si je me plains un peu trop facilement), épanouie et aimée. À cause de tout ça, je me sens parfois coupable de ne pas à mon tour faire naître le bonheur dans celle des autres. Mon métier est une façon de s'impliquer, on pourrait le voir comme ça. Mais je ne trouve pas ça suffisant. Sauf que je ne fais rien. Mais l'idée fait son chemin. Lentement.
Pour l'amateure d'antiquités que je suis, vivre à l'ancienne pourrait s'avérer être une bonne façon de consommer de façon responsable. Produire mes légumes l'été et mettre en conserve pour l'hiver les fruits et les légumes bios provenant de ma région. Fabriquer mes vêtements et éviter d'en acheter qui proviennent du Tiers-Monde. Vendre ma voiture ou, au minimum, faire attention pour limiter les déplacements que j'effectue. Économiser l'eau et l'énergie. Mais ce n'est pas facile. Mon potager ne mérite même pas de porter ce nom, je suis nulle en couture et dans tout ce qui implique que j'aie la bouche fermée par un effort de concentration (exception faite de la lecture), les prix des vêtements fabriqués au Tiers-Monde sont terriblement alléchants, une voiture est un must quand on habite à plus de 25 km de son travail et les longues douches chaudes sont si réconfortantes l'hiver.
Je me déçois, mais j'y pense beaucoup. Peut-être qu'un matin, je me lèverai, convaincue d'enfin quitter cette société qui fait de moi une esclave de la consommation, pour aller vivre dans une commune de hippies où je serai responsable de la traite des chèvres angoras ou de la répartition des tâches des autres (ça me conviendrait mieux). En attendant, je vais continuer à lire La terre de chez nous et à regarder La semaine verte en me demandant si je n'aurais pas dû étudier en horticulture ou épouser un fermier de l'Union paysanne.
3 commentaires:
Y penser est déjà un grand pas. Moi aussi, je dois t'avouer que j'ai envie de me téléporter en campagne, avoir mon potager, ma vache, mes poules et la sainte paix. Comment pourrais-je annoncer cet exil à mes trois ados? Ils en crèveraient avant d'y voir un brin de positif.
Quand ils auront quitté le nid familial, j'irai te rejoindre dans ta colonie de hippies, si tu en fondes une!
Tu stationneras ton Eurovan à côté de notre Westfalia, on se laissera pousser le pouèle, on fumera et cuisinera des trucs bios et fera du machramée en écoutant du pink Floyd. La belle vie, quoi!
Laisse tomber le machramée, on fera du yogourt avec le lait de chèvre à la place.
C'est ce qu'on pourrait appeller un envie d'effectuer quelques "rénovations intérieures". Je te souhaite d'avoir le courage... Et ça ferait un autre bon blog!
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