dimanche 14 mars 2010

Se donner la frousse


Je suis certes une personne plutôt excessive. Autant dans ce qui me fait du bien que dans la confrontation avec moi-même. J'aime de plus en plus repousser mes limites, le spinning en est un excellent exemple. J'avoue être accro et, dès cette semaine, j'irai au gym trois fois plutôt que deux. Mais ce n'est pas de mon mou à raffermir dont il sera question ici. (Je dois admettre que c'est probablement un des pires «sujet amené» de l'histoire des sujets amenés...)


(On se rapproche) J'ai arrêté de fumer dimanche dernier. Étonnament, ça se déroule très bien. J'ai lu un livre motivant sur cette dépendance et, sans patch, sans laser, sans nicorette, sans rien, ça fait maintenant 7 jours que je n'ai pas touché une cigarette. Pour me tester, je suis sortie trois fois cette semaine avec une collègue pour la regarder fumer. Je vis sur la corde raide de même, que voulez-vous!


Contente de moi, il n'en fallait pas plus pour que j'ai encore envie de me prouver quelque chose. Pas capable de s'en tenir à deux réussites dans la même semaine, je voulais me tester plus.


(On y est enfin!) Hier soir, je suis allée souper dans le Vieux Longueuil avec des amis. Sur le chemin du retour, je me suis dit que prendre le pont Victoria serait un bon test pour ma peur du vide.* Je ne sais pas si c'est parce que je suis en train de lire un roman sur les attaques de panique, mais j'ai bien cru que j'allais mourir drette-là! D'autant plus qu'il est interminable ce pont démoniaque. J'ai serré le volant si fort, j'ai forcé des yeux tellement longtemps pour ne regarder que droit devant que j'ai dû arrêter de respirer quelques minutes. L'horreur. Si j'avais pu, j'aurais arrêté l'auto et j'aurais attendu qu'un bon samaritain vienne me reconduire l'autre côté.


À la place, c'est moi la pauvre conne qui a causé un embouteillage sur le pont Victoria un samedi soir vers 21h30 en roulant à 45 km/h. Voir la file grossir derrière moi ne me faisait aucun effet. Je voulais juste en finir. J'ai pas eu le choix de passer au travers, évidemment. Je n'ai même pas été capable de ressentir un peu de fierté d'avoir fait ce petit pas. J'ai vraiment eu la frousse. J'espère être rassasiée d'émotions fortes, car tout ceci devient inquiétant. Par précaution, je vais faxer ma photo dans tous les centres de bunjee et de parachutisme du Québec avec écrit en dessous: «Ne faites jamais affaire avec cette usurpatrice. C'est une saleté de chochotte qui vit trop dangereusement pour son bien!»




*Ouin, j'ai la peur du vide. Un genre de vertige, mais qui ressemble plus à une panique d'échapper quelque chose dans le vide. Il y a sûrement un lien à faire avec le lâcher-prise auquel je m'exerce, mais suis pas psychanalyste... Quand j'étais petite, on allait au pont des écluses à Ste-Catherine. Le pont est en grillage métallique, comme la chaussée du pont Victoria. Marcher, pédaler ou rouler en voiture sur ce genre de surface m'a toujours causé un léger début d'angoisse.*

dimanche 7 mars 2010

Sevrage jour 1

Quelle est la pire ville ou décider d'arrêter de fumer? Évidemment que c'est celle où je vis. TOUT LE MONDE fume à Verdun, TOUT LE MONDE. Les personnes âgées fument, les ados fument, les adultes fument, certains enfants fument, il y a des cigarettes partout. Vade retro cigaretta!

Toute cette introduction pour m'apercevoir que ce n'est pas si pire. Oui, j'y pense au moins une fois aux 3 minutes depuis que je suis seule, mais je résiste. Oui aussi, j'ai fouillé mes poches au cas où une coquinette m'aurait échappé, en vain. Si ex-Hot Man et moi nous parlions, j'aurais peut-être déjà cédé à l'idée de lui en quémander une, mais comme c'est plutôt froid ici, mon orgueuil et moi ne plierons pas devant lui pour une bouffée de poison concentré.

Note à moi-même: ne pas compenser par l'alcool. Ce n'est pas la même chose, cela ne m'aidera pas.

Vais m'ouvrir une bière tiens, ça va me détendre et m'aider à penser à autre chose. Je vais aussi finir mon lavage, mon repassage et corriger mes examens de math de 6 pages par élève. Devrait tenir jusqu'à au moins 21h00 avec toutes ces diversions.

Je stresse à l'idée de stresser. C'est désagréable de focusser sur un truc qui en est venu à me dégoûter. Parce que pour m'écoeurer comme il faut, j'ai fumé un paquet par jour depuis au moins 3 semaines. J'ai aussi toussé et craché comme une vieille fumeuse de 65 ans. J'ai dépensé des fortunes en fumée... Pour m'encourager un peu, je viens de m'acheter l'équivalent de deux (peut-être plus trois) mois de cigarettes en vêtements.

Faites que je n'engraisse pas... «Ben lâche la bière alors», devrais-je me dire. Misère. Que c'est désagréable de devoir être raisonnable. La dépendance a ceci de sournois, c'est qu'on lutte contre soi-même et, me connaissant, s'il y a une personne contre qui je ne veux pas lutter et bien c'est moi... Tous les coups sont permis et comme j'ai l'habitude d'être très indulgente avec ma charmante personne, ça n'augure rien de bon!

N.B.: Je sais que ce billet est tout décousu, mais je n'arrive pas à faire mieux avec ce qui me passe par la tête en ce moment.

jeudi 4 mars 2010

Ça n'arrive qu'aux autres... Pfft!

Cette phrase tirée d'une vieille pub me revient souvent en tête quand il m'arrive des trucs qui ne vous arriveraient jamais. Encore cette semaine, j'ai eu ma dose de faits cocasses.

La relâche étant un excellent moment pour se reposer, j'ai décidé de faire tout le contraire et de poursuivre ma lancée de résolutions 2010: régler tout ce que je fais trainer depuis des mois. Savez ce que c'est? On commence la semaine avec une liste longue de trois pieds et on ne fait rien finalement. Ça, c'était tout à fait moi version vingtaine. Maintenant que je suis une femme respectable de 30 ans, je sais bien que mon temps est compté et je règle les choses au fur et à mesure. Oui, oui, pour vrai. Je ne voudrais surtout pas laisser mes proches dans la gêne d'avoir à régler mes tracasseries quotidiennes.

Je me suis donc attaquée à ma demande de passeport cette semaine. Lorsque je suis allée faire faire mes photos dans une pharmacie célèbre où je n'ai toutefois pas trouvé d'ami, j'ai encore une fois été ébahie de l'absurdité des situations que j'attire irrémédiablement.

La dame qui m'a servie n'avait pas l'air vraiment emballée à l'idée de m'aider avec cette dernière condition nécessaire à ma demande... Après avoir soupiré, demandé à une autre employée de venir tenir la caisse, tiré le panneau blanc qui nous donne un teint de tuberculeux sur la fin de ses jours, elle a daigné me désigner un petit tabouret sur lequel je me suis assise docilement. Après 3 tentatives infructueuses, elle s'est bien aperçue qu'un rayon de soleil tentait avec acharnement de finir sa vie sur mon visage ce qui, aux yeux du bureau canadien des passeports, est totalement inadmissible. Évidemment, car les fonctionnaires ne doivent pas être des gens très épanouis puisqu'ils travaillent dans de hautes tours à bureaux sans lumière directe pour réchauffer leurs coeurs gelés.

S'étant rendue compte que j'étais venue accompagnée, la dame apprenti-photographe a fort peu discrètement demandé l'aide de ma copine qui s'abreuvait à même la bouteille de Pepto-Bismol qu'elle venait de se procurer pour chasser son début de gastro. Elle lui a donné deux livres cartonnés pour enfants pris dans un rayon tout près et lui a demandé de bien vouloir bloquer cette saleté de rayon de soleil nuisible. Échange de regards amusés, mais, savez ce que c'est, il est INTERDIT d'avoir l'air d'avoir du plaisir sur une photo officielle de nos jours... Le tout s'est une fois de plus soldé par un échec retentissant, le soleil ayant la ténacité en commun avec la gastro. Mon amie, au prix d'efforts surhumains quand le ventre vous glougloute de façon inquiétante, a donc dû tenir à bout de bras un cadre de presque un mètre sur un mètre pour retenter la chose.

Une fois la photo prise, j'ai pu reprendre mon air amusé et la dame m'a jeté un noir regard, me prouvant que je n'étais pas faite pour voyager cette année. Cette fois-ci, j'avais le nez et le front lustré! Ben quin! Impardonnable excès de sébum qui m'a valu un sévère: «On va passer aux cosmétiques» accentué d'un froncement de sourcils réprobateur. Elle m'a poudré le visage avec une poudre Lise Watier qui n'allait pas du tout avec mon teint. Charmant. Vous dire la force qu'il m'a fallu pour ne pas rire pendant la photo et pour éviter de croiser le regard de ma copine qui tenait toujours le foutu cadre...

Elle a finalement été satisfaite du résultat et a réussi à imprimer, après deux tentatives lamentables grâce à l'ordinateur qui refusait d'optempérer, mes deux photos de passeport. Elle m'a tendu un mouchoir rêche pour tenter de réparer les dégâts causés par la poudre «Bronze éclatant» sur mon visage.

Je suis sortie de là, une fois de plus, dépassée par ma capacité à attirer les situations loufoques et la peau irritée par le mouchoir. On souhaite que la demande sera acceptée, car je ne crois pas avoir la force de revivre cette épreuve une fois de plus!