dimanche 18 novembre 2007

Party animal

Je reviens tout juste d'un party pour les 40 ans de ma cousine. Ma famille est très grande et s'étend de Sept-Îles à Montréal. Quand nous nous voyons, c'est toujours très chaleureux et agréable et j'essaie d'aller aux rencontres le plus souvent possible. Évidemment, comme dans toute famille qui se respecte, la tournée de becs signale l'arrivée ou le départ de chacun des membres.

J'y ai donc eu droit ce soir avec, toutefois, un ajout de taille: la variante "femme enceinte". Une nouveauté pour moi, comble de l'ironie. Cela consiste à mettre sa main sur le ventre de la future maman et à lui faire un sourire complice en lui demandant comment va la grossesse. J'ai héroïquement, vous en conviendrez, réussi à ne pas larmoyer en annonçant ma fausse couche à au moins 12 reprises. Dans ces cas-là, les gens restent toujours un peu hébétés devant la mauvaise nouvelle et ressentent de la gêne pour avoir "tourné le fer dans la plaie". La discussion finit toujours sur des encouragements pour le futur et une mine contrite. Il n'y a eu qu'une seule exception à la règle et j'en reporte ici la conversation pour tenter d'en rire un peu:

L'autre - Comme ça tu vas avoir un bébé? Félicitations!

Moi (regard fuyant et lèvres tremblottantes) - Euhh non, finalement. Je l'ai perdu la semaine passée.

L'autre - C'était ta combientième?

Moi (incertaine du sens de la question et espérant y répondre correctement) - Euhh... C'était ma première fausse couche.

L'autre - Bah! Juste ça! Moi j'en ai vu ben plus que ça...

Moi* - À partir de combien, ça commence vraiment à faire pitié?
- Merci beaucoup de ta sollicitude, ça fait chaud au coeur.
- Si je vais bien? Un peu mieux, merci de t'en informer.
- Est-ce que je te tiens au courant de mes prochains échecs pour te distraire un peu?
- Ça nous a fait tellement plaisir! On a ri tout le long. On est assez contents d'en être
débarrassé.
- Ça a presque pas fait mal. Qui n'aimerait pas ça se faire racler l'utérus?
- D'ailleurs, pendant que je me vidais de mon sang, j'ai pensé à toi et je t'ai ramassé un
bout du placenta. M'attends-tu, je vais aller le chercher dans l'auto?

*Bien évidemment, ce sont des réponses qui me sont venues en tête après que l'autre soit parti! En réalité, ça a plus ressemblé à:

Moi (sous le choc et incapable de prononcer quoi que ce soit d'intelligent) - Ouin... *insérez un rire névrotique ici*


Déjà qu'on ne me considère pas comme un party animal, cette discussion m'a un peu éteinte. J'ai mis mon manteau et je suis sortie de la salle pour aller prendre l'air. Je me suis vite fait entourer par les fumeurs. Comme je ne danse pas, que je déteste parler par-dessus la musique vomie par les hauts-parleurs et que je n'avais rien de joyeux à raconter, j'ai bu mes deux bières en vitesse, regrettant d'avoir dit à Amoureux-nouveau-heureux-propriétaire-d'un-X-Box-360 de rester à la maison, peinard. Il aurait pu me servir de conducteur désigné afin que je puisse noyer ma déception dans les affriolantes bouteilles de Labatt Bleue du bar. C'est sûr que pour se saouler assez pour oublier quoi que ce soit, il faut en boire au moins douze de ces bières qui goûtent l'eau! C'est beaucoup de liquide à éliminer ensuite... Bref, c'est trop d'efforts quand on a le coeur gros!


*La personne avec qui j'ai eu cette discussion poche a vraiment vécu de pires épreuves que moi sur le plan des essais pour avoir un bébé. Néanmoins, le manque de tact m'a fait de la peine.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que cette personne, je l'aurais tué sur place... un peu comme j'ai tenté de tuer ma belle-mère la semaine après la fausse couche. Explications, pour annoncer la nouvelle à nos parents, on leur a offert un paquet de café "Grand-Mère" et laissé deviné pourquoi on pouvait bien leur offrir un cadeau aussi pourrite ! Une semaine après la fausse-couche, Belle-Maman prend le café chez nous "oh il est bon, c'est du Grand-Mère ? !" Option n° 1 : faire semblant de ne pas l'entendre. Option n°2 : quand la question a été posée 5 fois de suite (ou 6 ?) - et d'un air narquois en plus- , aboyer "non, toute façon il est dégueu ce café je le supporte pas !".
Ceci dit, contente que ça aille mieux pour toi.
Grosses bises.

Julie a dit…

Il y a des gens comme ça qui n'ont aucun tact. Dommage!

Grande-Dame a dit…

Peut-être elle-même a-t-elle fini par banaliser ses propres fausses-couches pour avoir moins mal?

N'empêche, bravo pour la délicatesse! :S