jeudi 27 septembre 2007

Confession

Je suis lâche, de plus en plus lâche.

Ceux qui me connaissent savent que je suis une fille généralement autonome, efficace, qui ne se préoccupe pas trop des petits détails insignifiants, une adepte du vivre et laisser-vivre et surtout une fille qui sait ce qui veut et qui ne compte pas sur les autres pour l'obtenir. Mais là, tous ces traits de caractère me quittent de façon proportionnelle à la croissance de la petite chose qui a élu domicile en moi. Plus je suis enceinte, plus je regresse et deviens ce que je trouve insupportable chez les autres; une foutue princesse!

Au lieu de profiter de mon retrait préventif à la maison pour faire des choses que je reporte toujours à plus tard, je fais la larve. Je pourrais faire de la compote et des potages, mijoter des petits plats réconfortants et les congeler en portions individuelles, je pourrais faire le ménage du frigo, ranger une bonne fois pour toute le bureau, commencer l'écriture d'un roman comme j'en ai toujours eu envie... Mais non, je glande lamentablement, repoussant tout au lendemain et espérant que les choses se fassent d'elles-même.

J'ai même poussé la procrastination jusqu'à développer une amitié sincère et accaparante (avouons-le) avec la HD. C'est plus par nécessité que par réelle affinités (la regarder me demande moins d'efforts que lire un des six livres que je potasse en ce moment), mais elle est trop naïve pour s'en apercevoir! Notre amitié n'est peut-être pas si sincère, elle quémande et j'ai la bonté d'âme d'accepter la trève.

Je suis devenue si paresseuse (c'était latent, je dois l'admettre... Deux mois de vacances l'été, on y prend goût.) que je m'attends à des félicitations et/ou une ovation dès que je fais un truc qui nécessite l'implication de plus d'un de mes membres. Je fais la vaisselle et espère que ce sera apprécié: échec lamentable! Je fais le lavage et je plie le linge d'amoureux en m'attendant à un chaud regard d'approbation: là encore je suis déçue. Je fais des escaloppes de veau parmigiana avec des brocolis et des tortellinis au pesto et je m'attends à une demande en mariage (avouez que je n'y suis pas allée de main morte. C'est mieux que la pizza livrée de la veille!): rien n'y fait! Personne ne s'ébahit devant mes prouesses et mon dévouement! C'est dur la vie d'adulte. J'aurais fait tout cela il y a 10 ans quand j'habitais chez mes parents et j'aurais eu droit à de savoureux mercis, des sourires reconnaissants et une petite bise. (Soupir résigné)

Afin d'attirer l'attention de mon amoureux-encore-à-Toronto, je l'appelle aux quatre heures afin de lui rapporter mes moindres faits et gestes. Les palpitants "J'ai lu le journal.", " J'ai reçu mes papiers de CSST, je dois aller les chercher.", "J'ai bu du jus. Oui, oui, du jus pas sucré artificiellement.", "J'ai mangé un yogourt et j'ai eu mal au coeur." et "La litière sent mauvais, j'ai hâte que tu reviennes." sont devenus le coeur nos échanges quotidiens. Le cher loup supporte le tout avec une patience mise à rude épreuve, mais il a atteint son quota hier, quand je l'ai appelé pour lui dire que je regardais Loft Story et que j'avais envie de partager mes opinions sur les lofteurs avec lui. Voyez comme j'ai besoin d'attention! Je n'ai tellement plus de vie que je vis par procuration au travers de l'écran télé. Je lis les blogues des autres en savourant chaque truc nouveau et je me désole de n'avoir rien d'intéressant à raconter.

J'essaie de me reprendre en main dès demain (Seigneur! Je ne peux même pas me mentir à moi-même en disant que je change dès cet après-midi.). C'est décidé, je ferai le ménage de l'affreuse pièce qui puait. Ça donne le goût hein?

(Petite parenthèse: Cette pièce était fermée quand nous avons acheté la maison et elle n'était presque pas chauffée. Elle sentait vraiment le renfermé et mon esprit n'a eu de repos jusqu'à ce qu'elle soit débarrassée de son contenu malodorant et qu'elle soit à nouveau bien aérée. Elle ne pue plus, cela va de soi, mais c'est là qu'amoureux-sans-crainte veut que nous fassions la chambre de bébé! Pour ma part, même si elle ne sent plus la mort (j'exagère à peine), je ne peux m'empêcher de l'appeler "la pièce qui pue" et je trouve ça malsain/étrange d'y faire une chambre de bébé... C'est sûr que le contracteur va tout défaire les murs du deuxième étage, que ce sera réisolé, rebâti en neuf, repeint et décoré, mais, pour moi, ça restera quand même la pièce qui pue! Fin de la, finalement pas si petite, parenthèse.)

Si vous n'avez plus de mes nouvelles, c'est que je me serai tuée à la tâche (ou que je me serai endormie sur le divan, ce qui est hautement plus probable...).

3 commentaires:

Valou a dit…

J'ai été enceinte il y a quelques années ( j'ai perdu le bébé à 14 semaines de grossesse ) et je peux te dire que TOUT me demandait un effort surhumain. Je me sentais si fatiguée que j'aurais pu dormir en plein concert de heavy metal.

Pour ce qui est de Loft Story, ma mère fait la même chose avec moi : elle me raconte les moindres faits et gestes de chacun des lofteurs, tout en me faisant part de ses prévisions ...

C'est décidé, il faut que je fasse un nouveau questionnaire que je pourrai ensuite te refiler ;-)

Mme Prof a dit…

Console-toi, t'es pas encore rendue à t'acheter une manette universelle pour ne plus te lever pour éteindre les lumières, changer de poste ou autre!!

Pis, t'as le droit. Déjà qu'une femme a tous les droits, enceinte, tu les as encore plus (bon, je rêve, mais ce serait pas merveilleux!)!

Anonyme a dit…

Je ne pense pas que ce soit malsain de faire une chambre de bébé avec "la pièce qui pue"... Ce serait plutot comme de lui donner un deuxième souffle et la rendre ainsi agréable et prête à recevoir une tonne de nouveaux souvenirs avec l'arrivée du poupon. "La pièce qui pue" deviendrait ainsi, dans plusieurs années, "la pièce aux souvenirs".

*Bon, est-ce que j'ai réussi a te faire changer d'avis avec mon charabia ? ;o)