comment j'ai découvert que j'étais snob

Avant ce vendredi, je ne me considérerais pas comme une personne snob. Je ne vous cacherai pas qu'il m'arrive parfois/souvent de critiquer certains comportements ou habillements, mais je ne suis pas du genre à lever le nez sur ce qui est étranger à ma réalité et jamais il ne me serait venu à l'idée de me voir comme une personne élitiste ou hautaine. Depuis vendredi soir, je me vois d'un tout autre oeil...

Hot Man, ce cher amoureux adepte de heavy métal, a acheté, il y a belle lurette, des billets pour un concert de métal au SEPSUM. Il voulait ABSOLUMENT m'y emmener. Les "Oui, mais chéri, tu sais que tu aurais sûrement plus de plaisir en y allant avec un autre amateur comme toi", mes incessants "Plus la date approche, plus je me dis que je n'ai pas vraiment envie d'y aller. Tu es sûr que tu tiens vraiment à ma présence?" suivis des "Veux pas y aller, bon!" couchée par terre à l'épicerie n'ont pas attendri son coeur de métalleux. Il m'objectait toujours qu'"il faut absolument voir un show de métal une fois dans sa vie". C'était perdu d'avance mais, au moins, j'ai tout fait pour lui faire savoir que je ne passerais pas la soirée de mes rêves et que son plaisir en serait sûrement diminué.

Il y avait pas un, pas deux, pas trois, mais bien cinq groupes en spectacle ce soir-là. Heureusement que, dans sa grande magnamité, il ne m'a emmenée voir que les deux derniers, ceux auxquels il tenait le plus. Il était hors de question de manquer Children of bottom et Lamb of god, deux noms de groupe totalement buccoliques et aussi éloignés que possible de ce qu'ils font comme musique. Disons que Métallica et Guns and roses ont l'air d'Annie Brocoli à côté d'eux.

Comment décrire ce qui m'a le plus surprise lors de cette soirée? Je pourrais expliquer la fouille qu'on m'a faite à l'entrée ou ma longue traversée de la foule de pouels pas propres sans t-shirt aux cheveux gras et aux aisselles odorantes, mais ça ne rendtait pas totalement justice à mon expérience. Une fois ma bière à moitié renversée sur Hot man à cause des gens qui me poussaient de toute part (le trash n'était même pas commencé, c'était l'entracte!), nous avons réussi à nous asseoir à côté d'autres pouels, mais à la chevelure presque propre ceux-là. C'est là que j'ai pu constater les dégâts que pouvaient causer les abus de bière en fût à 5,25$ la dose. Je n'avais pas vu autant de gens saouls morts sans dignité depuis la St-Jean en 2004 à St-Jean-sur Richelieu. Pathétique.

Quand Children of bottom a commencé son spectacle, un gars a enlevé son chandail et a voulu imiter Léonardo Di Caprio dans le Titanic en faisant la croix au-dessus de la mini-rampe de l'aréna du SEPSUM. Il a passé tout le spectacle à se faire aller la crinière, perché par-dessus bord. Malgré mes sombres prédictions, il n'est pas tombé. La musique était forte et je me cramponnais à mes bouchons comme une naufragée s'accroche à une bouée. Fatiguée de me faire traiter de "motherfucker" venue pour faire du "fucking noise" et passer un "fucking good time", j'ai cessé d'écouter ce que le chanteur disait à la foule qui semblait apprécier de se faire traiter de toutes sortes de "fucking" choses. De toute façon, le chanteur ne chante pas vraiment, c'est plus un mélange entre le bruit que je fais lorsque je me brûle avec le fer plat et celui que faisait ex-amoureux lorsqu'il jouait à tuer des zombies dans une autre de mes vies que du chant. C'était plaaaaaaate à mourir (désolée chéri, je t'avais averti!).

Après COB (pour les adeptes), ce fut le groupe de Hot man, Lamb of god. C'était encore pire (et je suis objective). La fille derrière moi s'est mise à faire du air guitar en se faisant aller les cheveux et j'ai dû changer de place parce que ça m'écoeurait trop de sentir ses cheveux frôler les miens à chaque fois. Le gars en face a failli se viander en sautant par-dessus deux rangées de banc pour aller acheter sa trente-deuxième bière et mon voisin de droite souffrait d'hyperactivité chronique qui le fesait se lever aux quinze minutes pour traverser toute notre rangée. Un trash s'est formé devant la scène. Une centaine de personnes tournaient de plus en plus vite en se poussant et j'ai remercié Hot man d'avoir bien voulu qu'on s'asseoit dans les estrades. Pour un baptême, c'en était tout un.

Je suis sortie de là la tête en compote, ressentant encore les vibrations dans ma poitrine et me demandant si on m'avait refilé des poux. C'était atroce, mais Hot man, lui, jubilait. On ne m'y reprendra plus et lui, quand même surpris que l'exercice ne m'ait pas convaincue, n'essaiera plus de me forcer à y aller avec lui. On va essayer de trouver un terrain plus neutre pour notre prochaine sortie, question de préserver notre couple si on veut survivre à cette recherche d'appartements qui s'éternise et ne semble pas aboutir...