Faut croire qu'on ne peut pas avoir une maison rénovée ET un bébé. Faut qu'un des deux projets se déglingue de lui-même. Et non, malheureusement, ce ne sont pas les rénovations qui ont mal tournées.
Paraît que la petite vie qui s'installait en moi ne répond plus présente depuis quelques semaines déjà. Si quelques saignements nous avaient alarmés plus tôt cette semaine, nous ne croyions tout de même pas qu'ils étaient anonciateurs d'un deuil. Un autre. Avoir à revivre l'enfer de savoir que notre rêve de famille sera encore reporté, mais le vivre différemment. Ce n'est pas que la peine qui nous étouffe la gorge, contrairement à la dernière fois au mois de novembre. C'est aussi la déception, l'angoisse de ne jamais y arriver ou d'avoir à revivre tout cela encore et encore jusqu'à l'abandon. On passe aussi par la colère contre cette injustice et, surtout, par l'incompréhension la plus totale.
L'incompréhension est la plus insidieuse de tous ces sombres sentiments. Incompréhension face aux processus médicaux dans lesquels on est plongés sans aucune aide, face au manque d'empathie de plusieurs membres du personnel hospitalier qui nous traite comme un numéro et qui nous laisse attendre de longues heures dans l'angoisse, incompréhension par rapport à ce corps qui n'arrive pas à mener à terme un projet pour lequel il est tout désigné alors que c'est censé être «la chose la plus naturelle au monde». Le «pourquoi?» est bien gravé au fond de notre tête.
Cette fois-ci, pas de curetage à l'urgence. Non. On a droit à la méthode douce (ironie de ma part? Je vous en laisse juge.): longues heures d'attente à l'urgence, échographie par une radiologue-robot-glaçon, consultation téléphonique avec le gynécologue de l'urgence et prescription de tite-pilules censées me faire avorter à la maison. Home sweet home! Sans autres explications, sans rendez-vous fixé dans quelques jours. Depuis? Quelques contractions et des saignements réguliers. Toujours pas de confirmation de fin de grossesse et le curetage pourrait être la finalité «s'il reste des débris». Ah oui? C'est comme ça qu'on parle de la fin de cette belle aventure qu'est la maternité? «des débris»...
J'ai donc dû ranger, pour une deuxième fois, mes vêtements de maternité achetés l'automne dernier. Peut-être que j'aurai la chance de les porter au moins pendant une grossesse complète avant qu'ils ne soient trop démodés? Amoureux et moi (dans un moment d'humour douteux) nous sommes dit que notre premier enfant ne porterait pas qu'un nom, qu'on y ajouterait un numéro pour indiquer combien de tentatives il nous aura fallu pour enfin y arriver...
Mais on a la tête dure par chez nous et on s'y remettra quand la douleur sera calmée. J'espère toutefois que l'expression «3 prises, retiré!» n'est valide qu'au baseball parce que, lorsqu'on est seule au marbre, la pression et l'envie de démissionner sont étouffantes.
11 commentaires:
Très chère Marie-Andrée,
J'en ai les larmes aux yeux. Quelle douleur! Quelle triste douleur! Ton émotion est si vive qu'elle me foudroie et me va droit au coeur.
Pourquoi tant d'épreuves? Tout le monde a droit au bonheur, pourquoi donc faut-il qu'il te soit refusé? La vie est parfois si injuste.
Avorter silencieusement doit être déchirant. Une souffrance atroce et un calvaire qui s'éternise. C'est presque inhumain. Je suis certaine que tu aimerais t'endormir et te réveiller plus tard, beaucoup plus tard, quand ton corps sera guéri et avec cette vague impression qu'un mauvais rêve a hanté ton sommeil.
Malheureusement, la vie c'est parfois de la merde.
Je suis de tout coeur avec toi et te serre dans mes bras.
Bon courage, ma belle.
xx
Fuck.
:-(
C'est trop injuste. Trop triste.
Rien à dire qui puisse arriver à simplement mettre un baume sur votre déception, votre peine. P'tête seulement: J'pense à vous deux.
Je suis désolée pour toi... J'espère tellement que tout ira bien la prochaine fois. Je connais ton inquiétude et ton chagrin... :o(
Sincèrement désolé pour vous deux.
Je sais que venant d'un pur étranger ça ne veut probablement rien dire, mais je t'assure je trouve ce qui vous arrive très triste et même si je ne te connais qu'au travers ton blog, je pense à vous et je vous souhaite que cette épreuve soit rapidement chose du passé.
Restez forts. Vous l'aurez votre petit rayon de soleil.
xox
Ta douleur me touche. Je suis si triste pour vous deux. C'est injuste, tellement injuste. La vie est une salope des fois, tellement!
Prends soin de toi.
«Des débris» câliss! J'en reviens pas! Révoltant!
J'suis triste pour ce qui vous arrive, mais gardez l'espoir, un jour vous accueillerez un petit bricoleur de plus dans votre foyer.
C'est tout le mal que je vous souhaite,
Je pense à vous,
Chantal xx
On ne se connaît pas, je n'ai pas pris l'habitude de commenter, mais je suis une lectrice fidèle. Le texte que tu as écrit me touche autant que ce qui vous est arrivé.. Je suis désolée pour vous. Je vous souhaite ardemment avoir un autre enfant lorsque vous y serez prêts...
Je vous apporte à tous les deux le plus de soutien possible, même si je sais que ce n'est jamais assez.
La vie c'est tellement dégueulasse.
Et que dire de "l'équipe" de médecins que tu as rencontré ! Même Gregory House serait plus humain...
Toute ma tendresse
Aucune parole encourageante pour toi pour te sortir de ton tsunami. Qu'une tonne d'empathie.
Votre amour est votre plus grand allié...
MERCI pour tout vos bons mots, c'est vraiment très gentil et très apprécié.
Toutes mes pensées..
Je vous souhaite que la prochaine fois soit la bonne !!
Bon courage !!
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