mardi 27 novembre 2007

24

J'aimerais pouvoir dire que je suis très enthousiasmée par mon retour au boulot, mais ça n'est pas encore le cas. En fait, je suis absolument déroutée par Nouvelle collègue hystérique et je me demande comment les choses vont tourner entre les élèves et moi cette semaine. Récapitulons donc ces dernières 24 heures:

dimanche soir
19:30 La pression commence à monter et je me sens devenir légèrement angoissée. S'en suit quelques commentaires poches de ma part à Amoureux qui ne l'a pas mérité (c'est de cette façon si saine que je passe habituellement mon stress mal géré. Je sais, c'est probablement un cas de thérapie ou, à la limite, une excellente raison pour acheter le livre "Le secret" qui me rendra enfin si épanouie.).

20:30 La demi-bouteille de vin fait effet et je suis totalement zen (autant que je puisse me rapprocher de ce qualificatif). J'insiste pour faire la vaisselle (signe que je ne suis pas aussi zen que je l'imagine) et je range tout parfaitement. Je prépare, de façon quasi-obsessionnelle, mon lunch pour le lendemain (ça, c'est le véritable indice que je suis tout sauf zen! Je fais ça une fois par année et c'est pour la première journée d'école. ).

21:30 Partie classée dix-huit ans et plus, mais fortement recommandé en cas de stress.

22:15 Je m'endors paisiblement(!), épuisée et simili-rassurée après avoir passé en revue dans ma tête tout ce que j'avais à faire et ce, au moins six fois.

3:00 (L'heure classique pour angoisser un brin... Tout récit sur le stress qui se respecte doit minimalement comporter une angoisse à 3 heures du matin.) Mon foie en profite pour me dire que le souper ne passe pas bien, ma tête en profite pour me faire revoir tous les éléments du lendemain en suggérant vaguement que j'oublie un truc important, mon corps en profite pour avoir de longs frissons nullement dûs à la température dans la pièce et mon coeur me dit que tout va bien aller, que ça va toujours bien (résultat des années de conditionnement commencé par mes parents et repris par Amoureux).

4:00 Relire 3:00, il s'est passé la même chose...

5:00 Relire 3:00 et ajouter la variante: avoir peur que l'alarme du cadran ne sonne pas et que j'arrive en retard pour ma première journée, question que le reste soit de la bouette aussi!

5:59 Je me lève (quand ça fait deux mois que le son du cadran de notre amoureux ne nous réveille plus, c'est étrange de ressentir l'urgence de se lever.) et vais prendre une douche. Je n'arrive pas à poser la main sur le robinet de la douche, je sens que ce geste va me mener à l'abattoir (je reste positive quand même, hein?).

7:07 Je suis prête à partir (je vous ai épargné les détails sur ma préparation matinale, chanceux!). Amoureux me fait un câlin bien apprécié et me répète que tout va bien aller, mantrâ que je vais me répéter tout le long du trajet.

7:30 Arrivée à l'école.

7:33 Je croise Ancienne collègue aux Terrains de jeux avec qui j'ai toujours eu du plaisir. J'apprends qu'elle travaille aussi en sixième année (un rayon de soleil transperce le ciel noir et nuageux qui me planait au-dessus de la tête).

7:45 Je suis prête à accueillir la horde de mini-ados qui n'ont sûrement pas plus envie que moi de me voir remplacer leur enseignante chérie.

7:50 J'attends toujours. Je voudrais sauter les 10 prochaines minutes puisque c'est à 8:00 qu'ils arrivent (pour être franche, je voudrais sauter les 4 prochaines semaines pour me retrouver à Noël chez moi). La directrice vient m'embrasser et me dire qu'elle est contente que ce soit moi qui aie eu le contrat, qu'elle sait les élèves entre bonnes mains (re-rayon de soleil dans mon ciel plus gris que noir désormais).

7:55 Enseignante chérie arrive. Elle devait venir me porter les cartes d'absence des élèves. Génial! Ce sera sûrement plus facile de commencer ma journée avec eux, une fois qu'ils se seront tous jetés dans ses bras en criant "Ne t'en va pas!"...

8:05 Enseignante chérie vient de quitter, le drame n'a pas eu lieu. J'attends, assise sur un petit banc, que tous aient fini de défaire leur sac et de ranger leur matériel. Je suis observée, détaillée, analysée par 19 paires de yeux avides de savoir s'ils pourront ou non avoir du plaisir avec moi.

8:06 Nouvelle collègue hystérique entre dans la classe. Elle dit aux élèves d'une voix forte et peu chaleureuse (froide et tranchante comme une lame de rasoir serait plus précis):
- Ça paraît que Madame Enseignante chérie n'est pas là... Vous vous en permettez ce matin!
- Marie-Josée (est-ce que c'est là que je devrais me tourner vers elle et la crucifier?), est-ce que tout va bien? (dit sur un ton merveilleusement condescendant).
Et toc! Merci de me saluer, merci de me faire passer pour une enseignante incapable de gérer une situation comme celle-ci et surtout merci de l'exemple sur ce qu'on ne doit jamais faire pour faire copain-copain avec une nouvelle collègue! Elle repart après avoir ordonné à six élèves de lui prêter leurs manuels d'univers social.

8:08 Je me présente aux élèves qui semblent plutôt gentils et qui se dérident un après l'autre, voyant que je ne suis pas du type "collègue hystérique". Elle m'a peut-être aidée en venant faire vivre le contraste "pire prof/nouvelle pas si pire finalement" aux élèves.

8:49 Note à moi-même: la semaine prochaine, si je demande aux élèves de raconter leur fin de semaine, limiter ça à trois activités par élèves... Savoir ce que U. a mangé vendredi soir, samedi matin, samedi midi, samedi soir, dimanche matin, dimanche midi (ils ne pouvaient pas bruncher pour faire ça court?) et dimanche soir m'a demandé une dose de patience dont je soupçonnais jusqu'à l'existence!

8:55 U. termine de raconter son week-end, je réveille les autres élèves qui voient bien que j'ai voulu être sympathique en écoutant tout, mais qu'on ne m'y reprendra plus.

*Le reste de la matinée s'est vraiment bien passé.

10:05 Les élèves vont à la récréation, c'est l'heure d'aller affronter la salle des profs. Pour quelqu'un comme moi qui ne socialise jamais pour rien, c'est une étape difficile. Ne faisant jamais ami-ami lors d'une première rencontre, je déteste les conventions sociales qui exigent qu'on s'intéresse vaguement à moi pour être poli et qu'on se détourne une fois le devoir accompli. J'engage rarement, sinon jamais, une conversation qui ne mène à rien. Je déteste me présenter et essayer d'avoir l'air sympathique. Je finis toujours par faire un commentaire sarcastique ou une blague absurde, mal comprise par mon interlocuteur. Parfois, par contre, c'est à ce moment que je vois quelqu'un qui écoutait d'une oreille distraite me regarder en ayant l'air de dire:"Toi et moi, on va bien s'entendre." Cette fois-ci, ça ne s'est pas produit. Ces gens-là ne sont malheureusement pas majoritaires dans une école primaire...

*ici, il y a eu un cours d'enseignement religieux, mais je vous en fait grâce, n'étant moi-même pas très portée sur la chose. Sachez seulement que je me suis fait expliquer par les élèves, TOUTES les fêtes juïves en détails... Et il y en a des fêtes juïves!

11:40 dîner (relire 10:05)

*ici, il y a eu un après-midi sans tracas, somme toute agréable, et bien des sourires d'élèves qui semblent apprécier mon sens de l'humour. J'oubliais aussi que Nouvelle collègue hystérique m'a prouvé, à deux reprises(!), que nul autre surnom ne pourrait jamais mieux lui aller.

16:00 Retour à la maison, l'esprit vide et fatigué.

17:50 Souper avec Amoureux où je suis aussi bavarde qu'une carpe, luttant contre une fantastique envie de bâiller à m'en décrocher la mâchoire.

18:55 Je lis un peu sur le divan dans le salon, me disant que Dr House n'est plus au rendez-vous ce soir et que la vie est dure.

19:35 Le livre trouve tout seul le chemin de la table à café. Je me couche légèrement et ferme les yeux cinq minutes...

19:36 Aux dires d'Amoureux: J'ai la bouche ouverte de la plus élégante des façons et je dors, Câline couchée sur moi, toute heureuse d'avoir un coussin moelleux et d'être près d'Amoureux, son chéri... qui en profite pour jouer à son mouveau jeu vidéo.

Je ne me suis réveillée que ce matin et je tarde à partir puisque j'ai une période libre jusqu'à 9:00. Je vais bientôt m'apercevoir que je dois partir dans 30 minutes et que je n'ai rien fait encore... Les vieilles habitudes reviennent vite, heureusement.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Amusant, la nouvelle collègue hystérique. Je suis certaine que tu nous en reparleras très bientôt! En fait, j'ai presque hâte.

Mme Marie-Andrée a dit…

Ouais, elle a peut-être l'air amusante quand on lit ceci, mais ce n'est pas le premier qualificatif qui me vient en tête quand je pense à elle... Heureusement qu'elle ne travaille que 4 jours sur 5 et que celle qui la remplace l'autre journée est une ancienne collègue vraiment sympathique.

J'ai juste le goût de dire: "Est-ce que je suis obligée d'y retourner?" en pleurnichant un peu.

En plus, c'est l'école où j'ai fait mon avant-dernier stage en 2002. J'ai pleuré chaque soir pendant au moins trois semaines tant j'haïssais ma situation.

Joyeux, non?