mercredi 5 septembre 2007

Plaignardises et autres misères d'une enseignante de campagne

Le cauchemar!

Une journée qui commence par un pied écrasé sous l'impact de la chute d'une boîte de conserve suivi d'un petit orteil qui se fracasse violemment sur le coin du coffre du salon peut-elle vraiment s'améliorer par la suite? Pour l'avoir testé scientifiquement, je vous répondrai que non. Vouée à l'échec dès le départ, il faut savoir stopper l'avalanches de merdes qui vous tomberont sûrement dessus aussitôt que vous croirez que rien de pire ne peut vous arriver. FUYEZ donc immédiatement et réfugiez-vous sous la couette où vous pourrez sucer votre pouce, en sanglotant doucement et tout en vous recroquevillant en position feotale!


Il faut croire que j'aime le trouble, car je me suis quand même rendue à l'école ce matin (malgré les deux terribles épreuves que je venais de subir). Ce qu'il me reste de fierté se refusait à appeler une suppléante sous prétexte que tout irait mal... Note à moi-même: toujours écouter ma petite voix intérieure et m'enfoncer dans l'auto-appitoiement (là, ma mère doit se dire: "tuttt! C'est pas ma fille ça!" d'un air vaguement découragé.).


Arrivée à l'école, un peu à la dernière minute, je me rappelle que je surveille sur la cour et ce, toute la journée. C'est la journée du cycle de travail qu'on préfère généralement! C'est si amusant de courir entre les cours pour être à temps dehors, de régler des conflits d'élèves qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam (ex: "lui, en pointant un enfant caché derrière un arbre à cinquante pieds de vous, il m'a dérangé avec mes amis et là je suis tout seul et il m'a fait mal et Laurent a ri"), de ne pas avoir le temps d'aller faire pipi ou de manger sa collation dans le calme, de recevoir derrière la tête un ballon qui arrive à 45 km/heure, ballon habilement lancé par un enfant à l'air machiavélique, de marcher dans trois pieds d'épaisseur de paillis de cèdre (oui, oui, celui qui est visité par les chats de tout le quartier), de se faire royalement ignorer par des élèves de cinq ans à qui on répète pour la sixième fois de ne pas en frapper un autre et de réussir à calmer tout ce beau monde-là pour les faire entrer dans l'école dans un semblant d'ordre! Chaque fois, j'exulte le bonheur et j'ai hâte à la semaine suivante que mon tour revienne...


À mon arrivée dans la classe, je m'aperçois que mes ti-loups font un party et que je n'ai pas été invitée! Moments de pur plaisir pour leur signaler ma présence et/ou les faire taire. Je leur demande de sortir leur cahier de français et j'entends un murmure désapprobateur au fond. Ohhhh! Quel excellent matin pour contester mon autorité! S'en suit un air bête (de mon côté, bien sûr) et des explications accélérées pour qu'ils se mettent au travail le plus rapidement possible (étape 1 pour arriver à vos fins selon le guide Gérez efficacement vos mutineries en classe). Question de rajouter à ma bonne humeur, je dois réexpliquer au moins 9 fois, aux élèves les plus perdus, puisqu'ils n'ont pas suivi la seule explication que j'ai donnée. Il est 8:20 et je suis d'une humeur massacrante, ça craint pour la suite!


Après avoir poussé dans le derrière d'É..... à répétition pour qu'il a) s'installe et sorte son matériel, b) aiguise son crayon, c) place ses fesses adéquatement sur sa chaise, d) ouvre son cahier et sa grammaire, e) écrive la date et le titre du travail à faire, f) retranscrive ce qu'il y a au tableau proprement, g) retranscrive ce qu'il y a au tableau au complet, h) retranscrive ce qu'il y a au tableau au complet et sans faute (je dois être trop exigente!), i) cesse de regarder le voisin qui a fini depuis cinq minutes au moins, j) se trouve un partenaire de travail et, finalement, k) qu'il se mette au travail, j'étais brûlée!!! Quand il est venu me voir après que j'aie dit qu'on corrigeait, il m'a dit:

- Je n'ai pas fini (Il exhibe son cahier et je vois qu'il n'a pas fait le 1/10 de ce qu'il avait à faire. Grrrrr!)

MOI (en pensées) : Ah bon? Tu m'en vois étonnée... J'aurais cru qu' avec ta rapidité d'exécution légendaire, tu aurais fini avant les autres...

MOI (pour vrai cette fois et en souriant) : Il va falloir que tu accélères un peu et que tu restes concentré, mon loup, hein?

LUI: Ehhh... Je vais faire un effort. (Imaginez un ton du genre: "M'en fous, mais si je veux avoir la paix tout de suite, je sais que c'est ce qu'il faut que je te réponde")

9:10. On arrête pour faire des maths. Révision sur la multiplication, la division, les nombres pairs, impairs, premiers et composés. Avec É....., on reprend les mêmes étapes qu'au cinquième paragraphe! V....... en sait plus que moi sur le sujet et passe son temps à crier ses connaissances de sa petite voix aigüe et stridente. Tout semble clair et je les place en équipe pour travailler. ERREUR: Quand ça ne va pas en individuel ou en grand groupe, ne surtout pas croire que ce n'était que passager et que ça ira mieux en équipe. Ai dû répéter au moins 10 fois ce qu'était un nombre impair (en 5e année bordel!!!) et un nombre premier (belle écoute, gang!), arrêter deux mains qui s'en allaient frapper d'autres élèves, dire non aux 13 demandes pour les toilettes, demander de baisser le ton, régler deux conflits inutiles (des filles évidemment) et surveiller constamment É..... en même temps.


Dire que j'étais heureuse de les envoyer ensuite en éducation physique n'est que le pâle reflet de ma satisfaction. J'aurais jubilé si j'en avais encore eu la force et s'il m'était resté une once de positivisme dans tout le corps. Un emploi chez Mc Do jusqu'à la fin de mes jours m'est alors apparu comme une option attrayante et envisageable, c'est vous dire. Je suis donc allée passer ma période libre chez moi et, comme suivait le dîner, j'ai troqué les pensées noires contre des Advils et la dépression contre quelques pages de mon nouveau roman. L'après-midi a été pénible, mais j'en suis sortie en un seul morceau (avoir écrit un mot aux parents de deux enfants particulièrement dérangeants m'a soulagée un peu. En fait c'est de lire la peur dans leurs yeux qui m'a fait un bien fou....). Demain, je commence le régime militaire! Dire que vendredi passé et hier, je les aimais follement!
J'ai cru que c'était fini les merdes, mais non! Le souper était immangeable, j'ai marché dans le vomi de Mouffle et un élève m'a vue sortir de la S.A.Q. avec un sac contenant deux bouteilles de vin... Ne me cherchez pas ce soir, je file sous la couette jusqu'à demain matin.







3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ha! ha! Du vomi de Mouffle! J'espère que tu n'étais pas pieds nus!
En espérant que demain sera une meilleure journée.
xoxo

Mme Marie-Andrée a dit…

C'est sûr que j'avais les pieds nus! Tu me connais, je m'arrange toujours pour être dans une situation périlleuse, mais surtout, tellement évitable!

Anonyme a dit…

Pauvre toi... Je te souhaite deux meilleures journées pour terminer ta semaine.

*Y'a quelques temps, j'ai marché dans du vomi de Gargouille... et évidemment, j'étais pieds nus. C'est... "intéressant"... comme sensation ! :op