mardi 3 février 2009

assumation, jogging, prise en charge et justifications

On est rendu là. L'autosuffisance est un apprentissage presqu'aussi lourd que celui des règles du participe passé. En plus de gérer mes finances, mes émotions, ma solitude, mon travail, mon passé, mes relations sociales et amoureuses, j'ai entrepris de me divertir toute seule. Le grand mot!

Lasse de rechigner le sempiternel "je m'ennuiiiiiiiiiie" qui caractérise mes soirées de semaine depuis quelques temps déjà, ennui allant jusqu'à me faire participer avec un peu trop d'entrain en regardant le Cercle à la télé en insultant les participants, je me suis surprise en arrêtant au cinéma de Delson au retour d'une course ce soir. Yes madame, all by myself. Je suis allée voir "La guerre des mariées". Rien de moins! Bon, c'était le soir à 5$ (ce qui justifie un peu le choix douteux) et rien d'autre ne me semblait digne d'être vu seule, sans personne avec qui échanger mes opinions après.

Je me suis toutefois rappelée pourquoi ce cinéma est quasi désert depuis l'ouverture de celui du Quartier dix30. Assise le dos droit comme sur une chaise de cuisine, cherchant désespérément le support à boisson (que j'ai découvert une fois les 20 premières minutes du film passées), je me suis soudainement sentie adulte. Oui, oui, adulte. J'étais seule, au cinéma, un mardi soir et je ne m'en portais pas plus mal. J'ai eu un comportement très mature en m'empiffrant de pop corn (sans avoir à partager) et j'ai bu l'équivalent de mon poids en boisson gazeuse, le regrettant aussitôt que ma vessie eut le bon goût de me rappeler que personne n'était là pour surveiller ma sacoche si j'allais aux toilettes! Je chemine lentement, faut l'avouer.

Le plus beau dans tout ça c'est que j'y suis allée en jogging! Liberté totale, je vous dis. Ledit jogging est plus un pantalon de yoga, d'un noir qui n'a pas encore grisaillé qui plus est (on dirait que je me sens obligée de me justifier, comme si cela allait vous faire oublier le mot "jogging"). Je commence sérieusement à penser que le Bronx où je vis déteint sur moi. Après un séjour de trois ans et demi dans un village, ce passage dans les bas-fonds de Delson aura tôt fait de me transformer en carte de mode selon les standards d'un marché aux puces. Je suis soulagée de ne pas avoir croisé de gens de ma connaissance (dur d'expliquer que je vais mieux après ça), mais je me répète (sûrement pour me convaincre) que c'est pour me prouver que le regard des autres me touche de moins en moins que je l'ai fait.

Est-ce que c'est l'approche de mon 29e anniversaire qui me rend si mature ou serait-ce ces années de laisser-aller qui n'ont rien donné de bon qui me poussent à me prendre en main? La trentaine n'est peut-être pas si effrayante qu'on le laisse croire si elle apporte autant d'assumation...

1 commentaire:

grenouille verte a dit…

exactement....la solitude apporte aussi son lot de bons côtés !! avec le temps......on comprends bien des choses....et vive le cinéma sans avoir à écouter chialer quelqu'un à ses côtés !!! xxx bonne journée xxx