mercredi 29 juillet 2009

SPLENDEURS ET MISÈRES D'UNE VERDUNOISE

Déjà deux mois à Verdun et je m'y plais plus que prévu. Bon c'est sûr que tout n'est pas rose, mais serais-je heureuse sans motif de me plaindre? Humm. Mon couple multiculturel tient le coup malgré les différences, les ressemblances, mes éclats de colère, mes angoisses, les déceptions de mon amoureux qui constate que la vie n'est pas plus douce après sept ans d'exil au Québec et malgré l'été qui tardait à arriver et qui, soudainement, me fait périr de chaleur!


Mon environnement immédiat est tellement propre que le jour des poubelles ressemble à Noël tant c'est «décoré» partout. Les voisins sont si charmants qu'ils nous saluent toujours en rotant ou en crachant de l'autre côté du treillis qui borde notre terrasse. Hot Man et moi nous pratiquons donc à cracher et à éructer pour leur rendre la pareille, mais il faut sans doute des années de pratique pour arriver à une telle spontanéité.


Depuis mon installation, j'ai appris que les gens ici ont une conception de la mode très particulière. Aller au dépanneur en pyjama est banal, c'est presque un concours tacite quant à savoir qui aura le plus d'audace dans son choix de vêtements de nuit usés et/ou dépareillés. Je me demande pourquoi je continue de prendre la peine de «matcher» mes sandales et mes vêtements lorsque j'ai à sortir alors que je devrais me fondre dans la masse et assumer mon nouveau statut de Verdunoise. D'un autre côté, on ne se sent jamais ordinaire ou moche. Je revendique avec fierté le fait de porter un soutien-gorge pour sortir, ce qui me différencie de bien des femmes du quartier! On a de la classe ou on n'en a pas, tsé!

Il y a quelques trucs étranges dans le coin que je n'arrive toujours pas à expliquer:

- Pourquoi, tard le soir, un sac en plastique gris est accroché à la clôture bordant ma plate-bande pour disparaître le matin venu? M'étonnerait qu'un malotrus laisse ainsi les excréments de son chien là et qu'un bon samaritain les ramasse pour les jetter.

- Pourquoi les voisins d'en face arrachent-ils la brique sur leur immeuble sans couvrir le mur de bâches protectrices contre la pluie? Leurs échafaudages feraient peur à un alpiniste doué ce qui démontre leurs capacités à s'occuper de restaurer une façade de façon sécuritaire.

- Pourquoi la vieille dame d'à côté force-t-elle son pauvre chien miteux à prendre une marche tous les matins alors que le son de ses griffes sur le trottoir nous indique clairement qu'il n'en a aucune envie? Peut-être qu'il l'aide à se sentir en sécurité, mais je ne ferais pas confiance à un chien qui couve sa vengeance d'être tiré de la maison de force chaque matin.

- Pourquoi y a-t-il tant de dépanneurs sur ma rue? Sûrement parce qu'il y a beaucoup d'acheteurs de bières et cigarettes. Tout de même pratique lorsqu'on manque de lait, de jus d'orange ou de cigarettes.

- Pourquoi retrouve-t-on autant de chats, raton-laveurs et mouffettes dans mon quartier? Un chat gris a élu domicile sous mon hamac et la bête puante a donné à Hot Man une occasion de me montrer ses savoureuses connaissances sur la dangeureuse faune du Canada... Rien de plus crédible qu'un Marocain qui n'a vu de la nature de son pays d'accueil que les terrains de golf jouxtant les environs.

Dit comme ça, ça dresse un portait plutôt nul de la chose. Cependant, nous sommes à 10 minutes du centre-ville et des festivals, le marché Atwater est tout près, j'ai toujours du stationnement pour ma bagnole, la piste cyclable (que j'utilise tous les jours *toux gênée démentant l'affirmation*) passe devant l'appartement. J'aime la ville. Finalement. Même s'il m'arrive tout de même de regretter la fin de mon beau rêve de maison centenaire à la campagne...

5 commentaires:

Une Peste! a dit…

Hé.
La grand'ville, c'est la grand'ville.

T'avouerais-je qu'il me titille, de plus en plus, d'aller m'y installer.

Parce que, entre la campagne et la ville il y a ... ici. ;-)) Ville dortoir de la 7ième couronne, comme le dit l'homme. Juste après, on tombe dans le vide. ;-DD Alors, tant qu'à endurer tout ce bruit, aussi bien le faire dans le 514. Je serais une excellente montréalaise, je pense.

Alors: chanceuse! ;-)

Anonyme a dit…

Dans le quartier résidentiel de mon enfance, on ne pouvait pas lancer une roche sans se faire stooler à nos parents par la vielle voisine qui écornifle à travers ses rideaux de dentelle. Fraîchement installée à Montréal, je trouvais très plaisant de pouvoir aller au dep en pyjama sans faire jaser tout le quartier! C'était la grosse liberté sale.

J'avoue qu'aujourd'hui, je suis bien heureuse d'avoir des voisins parlables, du fin fond de mon quartier résidentiel de région. On va prendre des puffs de pollution de temps en temps en ville, mais on revient dans notre cul-de-sac perdu le sourire fendu. Les criquets et les ouaouarons au lieu de la Métropolitaine et des maudits autobus qui freinent à 2h du mat, ça n'a juste pas de prix.

Ceci dit, j'ai habité Saint-Henri et ton billet me fait vraiment rire!! C'était tellement ça!! Et même plus!

Chouette le changement de look..! ;)

Le professeur masqué a dit…

Un avantage aussi, c'est que tu sais toutes les nouvelles du Lundi sans le lire. Dans mon ancienne vie, les voisines ne parlaient que de ça. Et puis, je pouvais savoir ce qui passait à TVA sans même ouvrir la télé tellement elles l'écoutaient à tue-tête!

Anonyme a dit…

J'ai vécu 10 ans dans la grande ville après fait un détour de ma petite ville à un village de la couronne nord: et je n'y retournerai jamais à moins d'y être contraint par les évènements de la vie!
Pour moi, il n'y a aucune raison de quitter sa ville dortoir: même l'Amour ne me ferait pas changer d'idée ... ou presque.

cendrillon a dit…

Quand on veut aller vivre en ville
Quand notre amoureux s'impatiente parce que son amoureuse habite trop loin
Quand l'amoureuse ne veut pas changer de région
Quand l'amoureux ne veux plus habiter la Métropole
Quand l'amoureuse ne se décide pas
Quand ... quand ... quand...

Que chacun reste dans son coin et tout sera sous contrôle.