dimanche 27 avril 2008

Petit guide de survie à l'urgence

Je songe à acheter une passe de stationnement mensuelle à l'hôpital. Avec le temps que j'y ai passé ces deux dernières semaines, ce serait de l'argent bien investi. Car oui, j'y suis retournée. Encore. Jeudi soir dernier, 9 jours après un douloureux curetage, je n'ai eu d'autre choix que de retourner à l'urgence après avoir eu plusieurs contractions suivies d'abondants saignements.

Comme je me considère désormais comme une référence du domaine médical *toux*toux* (choppée à l'urgence bien entendu), j'ai préparé un petit guide de survie pour les néophytes qui ont le bonheur d'être fertile et en santé.

Règles d'or à l'urgence
1- Allez-y avec une personne pour laquelle votre bien-être est important. Une maman est un excellent choix, car elle vous câlinera, se préoccupera de vous et paiera sans doute le stationnement. L'autre personne sera d'ailleurs la bienvenue pour garder votre place lorsque vous la quitterez en allant aux toilettes et qu'un quidam voudra la voler...
2- Lorsque vous êtes entre les mains d'un membre du personnel médical, EXAGÉREZ! On ne se cachera pas pour dire que 12 heures passées dans une salle d'attente, c'est inhumain. Quand ce sera votre tour, rajoutez-en un peu. Pas trop tout de même, pas question de revenir chez vous avec un organe en moins. Tout le monde fait pitié à l'urgence. Si ça peut vous faire passer avant la dame qui semble n'être venue que pour faire de nouvelles rencontres amicales et devant le monsieur avec l'ongle incarné, vous n'aurez pas exagéré en vain.
3- Le Purel est votre meilleur allié. Ça laisse les mains sèches, c'est sûr, mais entre des mains rocailleuses et une rare infection virale asiatique, le choix n'est pas nécessairement difficile. Bon, soyons franche, même avec toutes ces précautions, vous reviendrez chez vous plus malade que lorsque vous en êtes parti.
4- Ne souriez pas trop aux autres patients, vous ne savez pas encore QUI est là pour sociabiliser un peu trop. Si vous vous laissez naïvement prendre à ce jeu, vous aurez probablement le plaisir d'entendre l'historique complet des maladies d'un pauvre vieillard esseulé ou de regarder les photos de feu le chien d'une dame célibataire dans la cinquantaine.
5- Pensez à apporter l'équivalent d'une semaine de paye en monnaie. Vous en aurez besoin pour vous sustenter aux machines distributrices pendant votre périple d'une durée incertaine. Le tarif du stationnement risque de vous faire faire une crise cardiaque qui vous renverrait aux urgences si vous n'êtes pas prévenu et tout serait à refaire.
6- Apportez quelque chose pour vous distraire lors de l'attente. Oubliez le dernier roman qui vous fait tant envie, vous serez si tendu à écouter les grichaillages de l'intercom en espérant y détecter votre nom que vous n'aurez pas la concentration nécessaire pour savourer l'intrigue de toute façon. Une revue écrite dans votre langue maternelle et sans trop de contenu vous fera tenir des heures, surtout si vous la choisissez avec une section jeux.
7- Séduisez le garde de sécurité . On ne sait jamais quand vous en aurez besoin. Pour arriver à le mettre dans votre poche? Un savant mélange de respect pour l'uniforme, d'airs épuisés et de soupirs visant à démontrer que vous êtes vraiment malade et de petits sourires complices (pas avant au moins 3 heures d'attente en commun, ce serait déplacé). Une fois apprivoisé, le garde de sécurité sera un excellent atout qui ira vous chercher des couvertures si vous avez froid et qui fera taire la dame qui parle dont fort quatre rangées plus loin.
8- Vers 2 ou 3 heures du matin, n'allez pas demander à la dame qui parle fort de baisser le volume avant de vous sauver aux toilettes. Cela mettrait votre mère dans l'embarras et on la jugerait pour la mauvaise éducation qu'elle vous a donnée. Par contre, cela vous permettrait de récolter des regards de gratitude de tous les autres patients de la salle, incluant son mari. Bref, allez-y selon l'envie/la rage du moment et assumez!
9- Il ne sert à rien d'être désagréable avec le personnel soignant, vous risquez votre vie. Je vous révèle ici un des secrets les mieux gardés sur nos hôpitaux: il ne manque pas de gens pour nous soigner. Pas du tout. La pénurie est une machination des médias, encouragée par le Ministère de la santé. Non, les médecins et les infirmières sont tous dans les couloirs interdits aux patients et rigolent en se cruisant pendant que nous, on souffre! Afin de ne pas les alarmer et de risquer votre vie en leur révélant que vous êtes au courant de la machination, faites comme si vous ne les voyiez pas discuter pendant les 20 minutes où vous êtes dans la mystérieuse cabine 9 où un patient est appelé aux intervalles de 45 minutes. Faites celui qui comprend combien leur travail est stressant et ne les regardez pas dans les yeux. Vous pourriez vous faire démasquer et ce n'est pas vous qui tenez le bistouri.
10- À moins d'y être absolument obligé, n'allez pas à l'urgence. Si vous devez absolument y aller, déplacez-vous en ambulance. C'est un excellent moyen de passer en priorité au triage. Et au moins, vous sauverez sur le parking.

jeudi 24 avril 2008

Celle qui r'garde en avant

Une séance avec une psychologue et quelques séances de râclage de plates-bandes plus tard comment vais-je? Eh bien, c'est une question à 100 piastres...

Mon médecin m'a donné un arrêt de travail de 2 semaines, révisible le 1er mai.
Je suis sur une liste d'attente pour une clinique de fertilité afin de passer des examens pour savoir ce qui fait que je perds mes bébés alors que j'ai une très grande facilité à tomber enceinte.
J'ai encore mal au ventre, je saigne encore pas mal et je commence à croire que le saloppard qui m'a fait un curetage a "scrappé la job" et que je devrai y regoûter.
J'ai fait une plainte au Collège des médecins à propos du-dit saloppard et ça m'a fait vraiment du bien. Comme quoi faut pas mésestimer la douceur de la vengeance.

J'ai rencontré une psychologue grâce au programme d'aide de la commission scolaire.
Après avoir parlé pendant une heure et avoir découvert des sentiments dont j'ignorais l'existence, paraît que j'ai beaucoup de travail à faire pour accepter que je n'ai pas de contrôle sur ce qui m'arrive, que ça ne va pas mieux assez vite, que je suis à bout de fatigue, que ce soit normal que je me désintéresse des rénovations en cours, que je dois m'occuper de moi et prendre le temps. Prendre le temps, pfft! Plus facile à dire qu'à vivre.

Je n'ai d'intérêt pour grand-chose et, même si j'ai des flashs d'énergie qui me surprennent, ils me font réaliser après coup que je suis encore plus fatiguée que je ne le croyais. Je me botte le cul et essaie, malgré tout, de regarder en avant.

mercredi 16 avril 2008

N'être qu'un numéro

Attendre à l’urgence. Essayer de ne pas pleurer devant tous ces gens qui n’ont d’autre spectacle à regarder que celui de ma peine. Attendre que les médicaments fassent effet.
Attendre que ce qui reste de mon bébé sorte de mon ventre. Attendre que ça arrête de saigner. Attendre que ça arrête de faire mal. Attendre d’être rassurée.

Attendre chez le médecin, encore. Attendre que le médecin soit gentil ou, au minimum, empathique. Attendre pour rien et entendre le médecin critiquer tout ce que fait l’infirmière. Attendre que la douleur cesse et la voir empirer. Attendre sans devoir bouger pendant qu’on m’introduit des instruments inquiétants là où il ne devrait n’y avoir que de l’amour. Entendre le bruit de l’aspirateur qui vide mon utérus. M’entendre pleurer et entendre me faire dire de me calmer, de me détendre pendant qu’on me fouille sans trop de délicatesse à la recherche de «débris».

Attendre dans une salle de repos, les yeux d’Amoureux cherchant à me rassurer, à me démontrer combien il se sent mal d’être là, impuissant, me promettant qu’on se reprendra si JE le veux parce que lui, il commence à en avoir assez de me voir souffrir. Comprendre que les hommes ne sont pas faits pour endurer la douleur, qu’ils n’arrivent pas à le gérer, quand eux-mêmes souffrent et encore moins quand ce sont ceux qu’ils aiment.

Repartir sans anti-inflammatoires avec un congé de 4 jours pour m’en remettre avant de retourner au boulot. Entendre «You can't always get what you want» à la radio et croire qu'il existe un complot pour que je me sente encore plus mal. Me questionner sur ma capacité à retourner travailler, sur ce que je peux avoir à donner à d’autres alors que je me sens si vidée et que j'arrive à peine m’occuper de moi.

Attendre que la peine passe son chemin. Essayer de rester forte parce que c’est ce que ceux qui nous aiment espère et qu’on ne veut pas décevoir personne. Craindre la dépression en essayant de se convaincre qu’on est forte, qu’on peut passer au-travers de ça aussi. En douter.

La patience et l’optimisme n’ayant jamais été de mes forces, je suis censée faire quoi là?

vendredi 11 avril 2008

la vie n'est pas qu'une garce, c'est une saloppe intégrale

Faut croire qu'on ne peut pas avoir une maison rénovée ET un bébé. Faut qu'un des deux projets se déglingue de lui-même. Et non, malheureusement, ce ne sont pas les rénovations qui ont mal tournées.



Paraît que la petite vie qui s'installait en moi ne répond plus présente depuis quelques semaines déjà. Si quelques saignements nous avaient alarmés plus tôt cette semaine, nous ne croyions tout de même pas qu'ils étaient anonciateurs d'un deuil. Un autre. Avoir à revivre l'enfer de savoir que notre rêve de famille sera encore reporté, mais le vivre différemment. Ce n'est pas que la peine qui nous étouffe la gorge, contrairement à la dernière fois au mois de novembre. C'est aussi la déception, l'angoisse de ne jamais y arriver ou d'avoir à revivre tout cela encore et encore jusqu'à l'abandon. On passe aussi par la colère contre cette injustice et, surtout, par l'incompréhension la plus totale.



L'incompréhension est la plus insidieuse de tous ces sombres sentiments. Incompréhension face aux processus médicaux dans lesquels on est plongés sans aucune aide, face au manque d'empathie de plusieurs membres du personnel hospitalier qui nous traite comme un numéro et qui nous laisse attendre de longues heures dans l'angoisse, incompréhension par rapport à ce corps qui n'arrive pas à mener à terme un projet pour lequel il est tout désigné alors que c'est censé être «la chose la plus naturelle au monde». Le «pourquoi?» est bien gravé au fond de notre tête.



Cette fois-ci, pas de curetage à l'urgence. Non. On a droit à la méthode douce (ironie de ma part? Je vous en laisse juge.): longues heures d'attente à l'urgence, échographie par une radiologue-robot-glaçon, consultation téléphonique avec le gynécologue de l'urgence et prescription de tite-pilules censées me faire avorter à la maison. Home sweet home! Sans autres explications, sans rendez-vous fixé dans quelques jours. Depuis? Quelques contractions et des saignements réguliers. Toujours pas de confirmation de fin de grossesse et le curetage pourrait être la finalité «s'il reste des débris». Ah oui? C'est comme ça qu'on parle de la fin de cette belle aventure qu'est la maternité? «des débris»...



J'ai donc dû ranger, pour une deuxième fois, mes vêtements de maternité achetés l'automne dernier. Peut-être que j'aurai la chance de les porter au moins pendant une grossesse complète avant qu'ils ne soient trop démodés? Amoureux et moi (dans un moment d'humour douteux) nous sommes dit que notre premier enfant ne porterait pas qu'un nom, qu'on y ajouterait un numéro pour indiquer combien de tentatives il nous aura fallu pour enfin y arriver...



Mais on a la tête dure par chez nous et on s'y remettra quand la douleur sera calmée. J'espère toutefois que l'expression «3 prises, retiré!» n'est valide qu'au baseball parce que, lorsqu'on est seule au marbre, la pression et l'envie de démissionner sont étouffantes.

lundi 7 avril 2008

le bois mou et autres plaisirs

Et bien! Je dirais que ce trou a sûrement un lien quelconque avec l'inondation de mon vide sanitaire en juillet dernier. (On ne comprend toujours pas l'absence totale de petits rongeurs et d'autres vermines dans la maison. Peut-être atendaient-ils une meilleure offre?)

Le bois mou, le vrai de vrai bois mou. Version AVANT les doigts de fée des charpentiers.

Version AMÉLIORÉE! Nouvelle poutre en bois traité, solidement installée sur mon solage et scellée à l'uréthane.

(Notez la petite racine qui semble sortir tout droit de... mon salon?!?)

C'est beau et ça semble solide hein? Je me demande toutefois si mes bulbes à floraison printanière survivront à cette épreuve...
Un petit coffrage destiné à éloigner l'eau du solage. Le tout sera recouvert d'imperméabilisant goudronné et ensuite nous y installerons un panneau en fibro-ciment pour un aspect solage en ciment. L'isolant sera tout simplement inséré dans la boîte entre le plywood et le mur de la maison.

Ben voilà qui devrait régler le problème de fuite d'eau et d'isolation déficiente!
Ça y est! Vous vous dites sûrement: «Non, mais quoi? La maison est en quarantaine à cause d'une variété d'insectes rongeurs féroces s'attaquant au bois mou. Une variété particulièrement affamée, vu leur chance. Quelle poisse! Ils attendent quoi pour la vendre cette foutue maison?!?». Mais non, adorables néophytes. Ce n'est qu'une protection pour travailler sous la pluie sans se faire mouiller. Vous n'avez vraiment pas l'âme d'un rénovateur...
Une autre surprise! Avant d'arriver au morceaux de pièces sur pièces formant les murs de la maison, les charpentiers ont eu le bonheur de découvrir que le mur était entièrement couvert d'une autre couche de ciment, montée sur un treillis de bois. Ils en ont suffoqué un brin sous leur toile protectrice avant d'arriver à tout enlever.

Non, la fenêtre n'est pas croche (fort heureusement). Luttant pour garder mon équilibre, juchée sur un monticule de neige, j'ai fait du mieux que je pouvais.

C'est tellement agréable de voir les autres s'échiner pour vous! J'adore cette sensation, même si j'aime moins avoir à signer les chèques qui nous le permettent.

Non, vous n'êtes pas devant une photo de cabane à sucre. Vous êtes encore chez moi! Voici la couche numéro 4 des murs extérieurs.

Amoureux qui jubile devant la largeur des planches. Qu'en ferons-nous? Un dessus de table? Un mur? Un plancher? Un meuble? Ah la joie d'accumuler du bois en prévision d'hypothétiques temps libres...

On protège le tout en prévision de la pluie annoncée pour le lendemain. Finalement, c'est à un combo neige/pluie qu'on a eu droit.

Et un autre mur redressé, prêt à accueillir le plus joli des revêtements.














mardi 1 avril 2008

Quand un tournevis passe au travers de la solive qui tient la maison...

Titre accrocheur n'est-ce pas? C'est la découverte de la soirée. Après l'épisode bois mou de la journée, je croyais que les surprises cesseraient (du moins jusqu'au lendemain). C'était sans compter la loi de Murphy qui semble être au rendez-vous depuis le premier jour où on a commencé à rénover notre maison.

Le contracteur est passé dans la soirée pour vérifier l'avancée des travaux et pour vérifier le mou de bois (ne pas confondre avec le mou de bras qui semble pour l'instant ne s'attaquer qu'à moi). Comme un petit amas de poussière brune attirait son attention, on me pria d'aller chercher la lampe de poche afin d'examiner le tout plus attentivement. Je sens que puisque je serai plutôt limitée par ma grossesse, ce n'est que le premier d'une très longue série de «Chérie? Pourrais-tu aller chercher...».

Le contracteur, en plus de scruter avec la torche électrique, s'amusa à enfoncer un très long tournevis plat dans la poutre qui asseoit la maison sur le solage (je précise plat, mais j'imagine que si vous avez à tenter l'expérience, un tournevis à tête étoilée fera sûrement le travail convenablement. Par contre, si vous êtes comme moi, un tantinet pessimiste et alarmiste, NE REGARDEZ PAS l'opération!). Après avoir gratté à l'aide de son instrument du diable dans la solive à tous les 5 pieds linéaires, Amoureux et lui en sont venus à la conclusion que cette poutre était finie et qu'il fallait la changer si on ne voulait pas que la maison glisse de sa base. Quoi? Elle pourrait glisser de sa base? Dire qu'on ne se doutait de rien.

Selon le contracteur il ne s'agit pas d'une «grosse job». Suffit de couper la poutre en section de 3 pieds à l'aide d'une scie alternative (du genre de celle magasinée avec soin par Amoureux-des-outils) et de la remplacer par section par des 6x6 de même longueurs. Un jeu d'enfant! Suffira ensuite de s'assurer que tout ça est bien protégé de l'eau afin que ce ne soit pas à refaire dans quelques années. Avec toutes ces dépenses imprévues, je me demande si j'aurai encore les moyens de même songer à une thermopompe ou à un pavé-uni pour un jour me sortir de la boue de l'entrée de cour...