dimanche 22 novembre 2009

LE souper

J'ai survécu. Toute la journée jeudi, je n'ai pas vu miss English teacher et je ne l'ai pas particulièrement cherchée. Elle devait attendre que je fasse les premiers pas, mais elle a attendu en vain et est venue m'aviser, vers 16:05, que c'était bientôt l'heure de partir:

- Madame Marie-Andrée, je vais devoir partir plus tôt avant d'aller à la salle de réception parce que je dois aller mener cette petite cocotte (entre alors une élève de 3e année que je n'avais pas vue) parce que j'ai une entente avec son père. Vous allez me rejoindre vers 16:30?

Dans ma tête: 1- pourquoi elle me vouvoie et m'appelle madame même quand on est juste deux?
2- je sais qu'elle meurt d'envie que je lui demande c'est quoi l'entente avec le
parent, mais si je le fais, on a UN sujet de conversation. Chose à éviter.
3-au moins, elle n'a pas voulu faire de covoiturage...

Mais je réponds:

- Ok, à tantôt.

Et continue à travailler, ne levant même pas la tête pour vérifier si elle est partie.

J'arrive avec 5 minutes d'avance à la salle, mais elle n'est pas encore arrivée. C'est bien parti, on n'aura pas à jaser avant de rencontrer le proprio. Elle arrive, se stationnant super loin de la porte (mauvaise vision? empathie pour les gens qui arriveront après nous? envie de marcher?), elle est définitivement étrange.

À l'intérieur, j'ai droit aux:

- C'est vraiment beau hein?
- En plus, il y a plein de décorations de Noël, on n'aura rien à faire.
- Évidemment quand je me suis mariée, il y avait aussi des décorations, c'est toujours décoré selon la saison.
- Nous c'est cette salle qu'on a réservée. Il y a aussi la duchesse en haut, elle est vraiment super belle. Il y a aussi le solarium où je me suis mariée, mais c'est pour un plus gros groupe que le nôtre, mais il y a une verrière et un balcon. Elle est vraiment super belle. Et il y en a une autre aussi en haut qui est vraiment super belle. C'est vraiment un bel endroit pour faire un mariage ou un party.
- Derrière la porte c'est P... le proprio. Il est vraiment gentil. C'est lui qui a organisé mon mariage.

Je me dépêche de changer de sujet avant que le mot mariage ne me fasse vomir sur le plancher immaculé et lui demande quelles confirmations elle a reçues. Elle commence par me nommer mes amis, espérant secrètement que nous allons nous asseoir avec elle. Uu dernier souper d'école, on a ri à s'en décrocher la mâchoire et elle nous a dit le lendemain: «Je sais avec qui je vais m'asseoir la prochaine fois. Il était là le party...». Elle enchaîne en commérant sur l'absence d'une enseignante et d'un enseignant au souper de Noël en disant qu'il y a anguille sous roche, qu'il y a sûrement quelque chose entre eux. Bref, n'importe quoi vu les deux protagonistes supposément impliqués, mais elle veut sûrement me montrer qu'elle a un côté bitch dans lequel je pourrais me reconnaître et qui pourrait cimenter une future amitié. Amitié qui me forcerait sûrement à accepter sa prochaine invitation à souper...

Question de me faire savourer le moment, le proprio était au téléphone tout ce temps-là et n'avait pas l'air de vouloir de vouloir se presser pour rencontrer miss English teacher. Probablement pour les mêmes raisons que moi. Il m'apparaissait sympathique.

10 minutes plus tard, nous entrons dans son bureau. Là, j'ai vraiment eu la chienne. Il se présente et dit qu'il va nous organiser ça comme on le souhaite (venant d'un gars dont c'est le boulot, je trouve ça logique), mais je commence à me méfier lorsqu'ils se mettent à parler du mariage de ma collègue comme si ce dernier avait eu lieu le week-end passé. Il a même ressorti le fichier des noms de ses invités, du menu, du choix des nappes et tout et tout! La complicité était palpable et je me disais que ça ne prendrait que quelques temps avant qu'elle ne sorte l'album de sa sacoche pour appuyer ses dires et finalement me montrer de quoi ça avait eu l'air...

On a finalement reçu chacune une assiette avec 4 choix de viandes en sauce pour goûter au menu. Tout ça pour goûter à 4 mini morceaux de viandes! La gourmande en moi en aurait pleuré. Comprenant qu'on ne goûterait ni les entrées ni les vins ni les desserts, j'ai accéléré le processus et j'ai perçu un genre de merci dans le regard de mon interlocuteur. Avais-je finalement un complice dans le bureau? Nous avons ensuite réglé le reste de l'organisation, visité la salle qui nous concernait et après une discussion entre lui et moi sur nos genres d'humour préférés (et avoir découvert plusieurs atomes crochus), nous avons quitté les lieux une fois tout réglé.

Je n'ai pas échappé à la discussion de parking à laquelle je tentais de mettre fin par de subtils «on en parle demain de toute façon», «on expliquera ça aux autres» et «bon, une bonne chose de faite!», mais elle est tenace! 10 minutes plus tard, je retrouvais la quiétude dans ma voiture, me disant qu'il fallait vraiment que j'apprenne à dire non pour de bon.

mercredi 18 novembre 2009

apprendre à dire non

C'est qui qui doit aller souper avec la collègue qui poursuit les profs de l'école avec son album photos de mariage demain soir? Celle-là même qui profite de chacune des interventions de ladite fatiguante pour rouler de gros yeux découragés. Décidément, je dois apprendre à dire non aux plans foireux au boulot.

Je sais bien que j'aurais dû me méfier lorsqu'elle a inscrit son nom sous le mien sur la feuille du comité social des Fêtes. J'aurais dû voir la chose venir lorsque j'ai remarqué que la signature de l'accro de la formule «mon mari...» était aggrémentée d'un dessin représentant une coupe de martini festive. J'aurais dû comprendre le pétrin dans lequel j'avais mis les pieds lorsque j'ai dit trouver intéressante l'idée de faire le party de Noël à l'endroit même où elle s'était mariée. J'aurais dû partir en courant lorsqu'elle a mentionné les mots «on pourrait aller faire une dégustation pour choisir le menu» en me regardant pour que j'approuve la formule et en faisant du name dropping pour me montrer qu,elle connaissait les prénoms des proprios des lieux. J'aurais dû écouter ma petite voix intérieure lorsque les autres membres du comité ont tous énoncé des responsabilités familiales pour ne pas y aller. J'aurais dû être mieux préparée et prévoir moi aussi des activités les soirs concernant sa proposition. Mais on ne change pas le monde avec des «J'aurais dû».

J'ai sous-estimé le pouvoir des abonnés au rôle de victime. Elle a attaqué au moment où je ne m'y attendais plus et où je n'avais plus aucune raison de dire non. Résultat: demain, je soupe avec la prof d'anglais mésadaptée socialement et, dans sa tête, cela fera de nous des complices (je n'ose même pas penser le mot amies). Un an et demi à la fuir pour me retrouver en tête à tête à discuter filet de boeuf et petits fours avec miss «mariée et fière de l'être». J'en reperds.

Peut-être qu'avec un peu de chance, j'attraperai la A-H1N1 d'ici demain soir...