dimanche 19 octobre 2008

mon coeur saigne... et virevolte

Mon coeur saigne...

Vendredi matin, 2 plans d'interventions qui vous font perdre espoir en notre système d'éducation que je passe mon temps à vanter au détriment du privé. Enseignant en sixième année pour la troisième année, une seule chose me pose problème. Non, ce n'est pas la correction des examens du Ministère. Il s'agit du classement pour le secondaire, le pire racket administratif et légal qu'on puisse imaginer...

Selon la loi sur l'Instruction publique, un enfant ne peut passer plus de sept ans au primaire. Il ne peut reprendre qu'une seule année au cours de son cheminement scolaire. Ceci a pour conséquence qu'on omet parfois de faire reprendre une année au premier cycle du primaire sous prétexte que l'enfant n'aura plus la possibilité de reprendre d'autres années par la suite. Tout comme ma plomberie attaquée par le calcaire, ces élèves n'ont pas encore développé la faculté de se regénérer par leurs propres moyens. On les laisse donc progresser dans le système avec des bases plus que chambranlantes et arrive le moment où on doit agir d'urgence vu le décalage entre le bagage qu'ils ont acquis et ce qu'il devrait être selon les échelons du ministère (qui pourtant ont été encore nivellés vers le bas grâce à l'impayable échelon qui fait graduer un nombre effarant d'élèves. Le "atteint minimalement les exigences du programme" envoie au secondaire des élèves qui ne devraient pas y être. Croyez-moi, le minimalement est vraiment m-i-n-i-m-a-l.)

2 cas particuliers dont on révisait le plan d'intervention vendredi:

Ti-chaton: Tout mignon, très immature, c'est aussi l'élève le plus charmant qu'on puisse imaginer. Son surnom nous vient automatiquement aux lèvres. Il agit encore comme il agissait lorsqu'il était mon élève en deuxième année et tout le monde s'accorde pour dire qu'il est craquant. Il a cependant un nuage sombre dans le ciel de ti-chaton. Il est épileptique. Son activité épileptique se caractérise par des absences, mais en plus de ces crises visibles, les neurologues ont découvert que son cerveau était perpétuellement en activité épileptique. Il doit prendre tout plein de médicaments pour gérer cette maladie, mais ceux-ci sont incompatibles avec tous les médicaments approuvés pour contrer le déficit d'attention. Il sort parfois de la classe pour aller à la toilette et reviens me demander pourquoi il était sorti, car il a oublié. Il lit une consigne et oublie les mots qu'il vient de lire. Il ne comprend absolument rien en résolution de problème et il faut décortiquer chacune des tâches qu'on lui propose, même en arts plastiques. Il a une accompagnatrice attitrée 12.5 heures par semaine ce qui est nettement insuffisant et c'est pourquoi on l'a jumelé avec un autre élève dysphasique celui-ci, qui lui aussi, est accompagné 10 heures par semaine par une T.E.S.. Les heures où je n'ai pas d'accompagnatrice en classe me grugent énormément d'énergie, car ti-chaton est incapable de seulement sortir le bon matériel au moment opportun. Avais-je mentionné que ti-chaton, dans toute sa chance, était aussi atteint du syndrôme Gilles de la Tourette? Non? Ben voilà qui complète le portait. Tics moteurs plutôt bien gérés à l'école et tics verbaux à la maison qui font en sorte que toute la famille est bouleversée. Ajoutons au portrait une maman qui s'implique beaucoup et qui veut tellement qu'il réussisse dans la limite de ses moyens qu'elle est au bord de l'épuisement.

On fait quoi avec ce ti-loup si attachant pour l'an prochain? Ti-chaton est très fort en grammaire et en orthographe. Il a aussi de la facilité pour tout ce qui est procédural en mathématique (ex: addition, calculer la moyenne, calculer l'aire, arrondir, etc.). Mais il n'a aucune habileté à faire des liens (la compréhension de textes, la résolution de problèmes, l'univers social et les sciences sont pénibles au possible...), ce que nous sommes censés prioriser dans le système d'éducation actuel. Son activité épileptique est si forte, qu'il n'est disponible intellectuellement que sur de très courtes périodes durant la journée.

Ti-bum au coeur tendre: Il est arrivé à notre école il y a 2 ans. Il venait de reprendre sa quatrième année et avait un dossier de comportement plus épais que le dictionnaire, mais on avait omis de lui attribuer une cote de difficulté. La fameuse cote 12 pour les élèves ayant des troubles de comportement qui fait si peur aux enseignants. C'est ma cote préférée. Je me sens plus à l'aise avec ces maganés du coeur qu'avec ceux qui ont des handicaps ou des difficultés graves d'apprentissage. Le système est si bien fait qu'il est impossible d'attribuer deux cotes à un élève. Ti-bum n'est pas qu'un TC, il est aussi en grande difficulté d'apprentissage. TRÈS GRANDE difficulté. Il écrit à peine sur les lignes, fait des fautes de niveau premier cycle, ne sait pas ses tables, comprend tout croche en math, lit sans comprendre le sens des mots... On part de loin. Il fait de l'opposition passive et, comme tout bon TC, n'a qu'un maître. En termes clairs, ça chie dès que je ne suis pas dans les parages. Pas qu'il ait peur de moi, pas que j'ai une si grande emprise sur lui. Ti-bum a un trouble de l'attachement des plus justifiés. Parents séparés, il vit séparé de sa soeur, a toujours été en service de garde, vit avec la nouvelle conjointe de son père et ses nouvelles demi-soeurs dont on avait omis de lui parler et il a une réputation du dur à cuire et de persécuteur auprès des autres élèves.

Moi je l'aime. Je lui ai fait confiance dès le départ. Il a merdé bien sûr. Un TC reste un TC. Depuis, il travaille à regagner ma confiance. Il se responsabilise, soigne son comportement et essaie de changer sa réputation (pleinement méritée il va sans dire). Il est en mode séduction avec moi. Son bureau tout près du mien est tout ce qu'il lui fallait pour passer de ti-Bum à "fuck, donnez-moi une autre chance!". Il a dit au plan d'intervention que ce qui lui plaisait le plus cette année et par le fait même, la raison de son étonnante prise en main était... moi! Je l'aime d'amour celui-là et il en a besoin (même si je sais que ce sera dur à vivre pour moi quand il verra que ses efforts ne le mènent nulle part à cause du trop grand retard accumulé et qu'il recommencera ses comportements autodestructeurs).

À cause de sa cote 12, il ne peut aller en classe de difficulté d'apprentissage l'an prochain. L'envoyer dans une classe de TC signerait son arrêt de mort et n'est tout simplement pas envisageable. Seule solution en ce moment: l'envoyer dans une classe de réadaptation afin de travailler ses habiletés sociales et tenter de le mettre à niveau en math et en français, mais je me vois mal le sortir de ma classe et l'envoyer dans cette autre école en cette période où il semble si motivé et si fragile. Déchirant...

Mon coeur saigne aussi parce que mon amie Annie, partie faire le pélerinage de St-Jacques de Compostelle depuis le 1er septembre, vient de se faire quitter par son chum des 7 dernières années par Internet. La grande classe. Elle revient dans 2 semaines et il n'a pu attendre qu'elle soit là pour lui dire en face. Elle est seule, en Espagne, sa mère est à l'hôpital, n'a personne avec elle pour la consoler et elle est dépassée par les événements. Je me sens triste pour elle et j'ai hâte de la serrer dans mes bras pour la consoler.

***


Mon coeur n'est heureusement pas que tristesse ces jours-ci. Je suis toujours aussi amoureuse de Hot man et notre relation est de plus en plus satisfaisante et enrichissante. Je nage dans le bonheur avec lui et cette intensité me fait un peu peur tout en me donnant envie de plonger dedans sans remord. Je suis la première surprise de qualifier un week-end alliant bar où la clientèle est adepte de heavy metal, bouffe cuisinée à la maison, effouarage sur le sofa et matchs de soccer (z'avez bien lus matchs au pluriel!) de parfait. J'en profite et essaie de ne pas chercher midi à quatorze heures. C'est si bon d'aimer et être aimée comme on l'a toujours souhaité. *soupirs satisfaits à insérer ici*

samedi 11 octobre 2008

N'importe quoi

Me sens comme une mère indigne... Câline est malade à la maison et moi je suis chez Nouvel Amoureux à me gaver de pain aux oranges et au chocolat de chez Première Moisson. Ex-Amoureux doit l'amener au vet et je me sens encore plus coupable d'espérer que ça ne nous coûtera pas 250$ comme la dernière fois.

Ai passé une semaine de merde à l'école. J'ai eu droit à une réunion cycle, une assemblée générale et une réunion de délégués syndicaux. Les élèves étaient bavards. Un de mes plus gentils garçons s'est battu avec une violence incompréhensible pour un motif très vague. Un de nos poissons est tombé au sol lors de son transfert d'aquarium, ce qui a créé un émoi considérable. Cet événément semi-tragique (le poisson s'en est sorti indemne, contrairement à mes oreilles, irritées au plus haut point par les cris hystériques de trois de mes filles beaucoup trop intenses) fait que j'hésite à donner suite à mon idée d'héberger un cochon d'Inde ou un rat «qu'on pourrait flatter» dixit un élève... J'ai aussi eu le plaisir de découvrir que ma directrice avait besoin de sentir qu'elle avait de la «pogne» sur moi. Apparemment, même si c'est une impression diffuse pour le moment, mon indépendance, mon (!?!) style vestimentaire et mes revendications incessantes pour mes élèves lui donnent à penser que je n'ai pas besoin d'elle pour penser ou agir et, en bonne directrice, elle veut avoir le dernier mot sur moi. Note à moi-même: l'opposition passive sera de rigueur dès la semaine prochaine (quoi que je préfère par nature l'opposition tout court... Je sais toutefois qu'avec elle, cela ne me mènera nulle part vu son besoin de m'encadrer même si je n'en ai aucunement besoin. Là où le bat blesse ceci dit.)

Nouvel amoureux est toujours aussi chouette. J'ai hâte de le présenter à mes parents et à mes amis pour me faire confirmer qu'il est aussi bien que je le pense. J'ai parfois besoin de me pincer pour y croire et cette méfiance, additionnée à ce manque de confiance en moi me culpabilise (Mouais... J'aurai des explications à donner lorsqu'il lira ceci. On assume, allez!).

Je suis une pas fiable. On le savait déjà, mais bon, la chose semble se confirmer. J'ai dit à mon cousin que mon frère s'occuperait d'acheter le "braker" pour la nouvelle fournaise électrique. J'ai dit à mon frère que nous acheterions le braker pour la fournaise. J'ai dit à Ex-Amoureux qu'il devrait s'occuper d'acheter ledit braker. Ex-Amoureux et Cousin se sont parlés ce matin et j'ai eu droit à 2 appels (devinez qui?) parce qu'aucun des 2 n'avait la même version. J'oublie tant de trucs ces jours-ci que je me suis aperçue que Félix, un de mes élèves avec un é-n-o-r-m-e déficit d'attention, me faisait remarquer mes petits oublis... Ça craint décidément!

lundi 6 octobre 2008

Couette, café et tellement plus...

Vendredi dernier, j'ai fait l'école buissonnière. J'avais accumulé beaucoup de fatigue en plus d'avoir négligé la posologie de mes pilules du bonheur ce qui faisait de moi une source d'inquiétudes pour mon entourage au boulot. C'est surtout ma directrice qui semble avoir peur que je ne m'effondre depuis qu'elle sait tout ce que j'ai vécu comme merdes au cours de la dernière année (cette crainte constante commence à être un peu lourde à porter, mais comme cela m'offre un accès direct et illimité au bol de chocolats posé sur le coin de son bureau, je songe à faire pitié encore quelques mois...). C'est dans le but de recharger mes piles que j'ai pris un congé (pré-) maladie vendredi toute la journée.

Après un bon souper avec une copine de qui je m'ennuyais beaucoup, je me suis garochée sur le pont Champlain en direction de la Petite Italie. Quoi de mieux qu'un nouvel amoureux pour vous sortir d'une torpeur dégénérescente? Un nouvel amoureux qui est aussi convaincu que vous des vertus que peuvent avoir la couette et des câlins sur le moral. J'ai donc squatté l'appartement de Hot man tout le week-end (jusqu'à ce qu'il me jette à la porte parce que Milan jouait un match dimanche après-midi, pfft!). Il mérite vraiment le surnom que je lui ai donné, car même si j'ai été une emmerdeuse de premier niveau samedi soir (un loooong moment de déprime carrément épeurant et désagréable où je l'ai accusé d'être déprimant alors que, de mon côté, je souriais autant qu'un coach de hockey professionnel), il continue de ne voir que charme et beauté en moi! Langues sales, je vous entends d'ici et non, il n'est pas non-voyant. Juste Marocain! J'ignore par contre ce qui est le pire vu leur réputation de séducteurs redoutables...

Nous avons donc passé une bonne partie du week-end sous la couette, à se cajôler, à discuter, à rire (à se moquer de ses blagues pourries et des miennes), à boire des cafés et à se coller. De plus, je n'ai presque pas ronflé, ce qui n'est pas rien vu les trois derniers week-ends où il avait dormi sur le sofa. *soupir bien heureux* L'automne s'annonce plus coloré et moins tristounet que les précédents avec le début de cette belle histoire d'amour. Nous nous sommes dit que nous ferions tout pour que ça fonctionne entre nous. Rien que pour vous, un court résumé de cette savoureuse conversation:

Lui, cheveux au vent, les yeux brillants d'amour (le match de soccer allait commencer): Je ferai tout pour que ça marche toi et moi. Je ne peux pas laisser passer une fille comme toi sinon tout le monde me demandera pourquoi j'ai encore merdé...

Moi, regard de biche apprivoisée et lèvres entrouvertes béatement,: Ohhhh, moi aussi je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ça fonctionne (c'était moins quétaine en vrai on dirait).

Lui: Oui, mais toi, si ça merde, on te dira :" Je te l'avais bien dit!" (en référence à son origine pour ceux qui n'auraient pas compris).